Françoise Roullier, artiste plasticienne,
archives de 2003 à 2012
Les collages de Françoise Roullier
Elle découpe (ou déchire) des bandes de carton de toutes les couleurs. Le carton est lisse, parfois gaufré. Ces lamelles, Françoise Roullier les juxtapose ou les fait se chevaucher selon des configurations où l'aléatoire a sa part. Sa part, seulement, car tout cela est évidemment très construit ! C'est donc en faisant coopérer le hasard et les exigences de sa propre raison plasticienne que l'artiste fabrique ses collages.
N'était cette technique particulière, on pourrait dire que nous avons affaire à des tableaux, car Françoise Roullier colle comme on peint : entendons qu'il s'agit pour elle de déposer une forme sur un support donné pour savoir quelles autres formes vont bien pouvoir s'agréger à la première (les classiques n'ont jamais fait autrement).
Il s'agit pour Françoise Roullier de se mettre en devoir de réaliser des objets qui tiennent, c'est-à-dire des objets capables de contrer si peu que ce soit l'informe de l'existence (la déglingue généralisée, l'à peu prés satisfait, la prétention creuse). Fût-ce sur un mode modeste, l'artiste compose, et composant, édifie en s'édifiant. Cela est contagieux. Telle composition va se présenter alors, à moi regardeur, comme la réponse à ce que je ne savais même pas être en train de chercher. Il y a, d'ailleurs, dans ce cas, un petit signal qui ne trompe pas : une pointe de plaisir mêlée d'un peu de douleur. Face à ce collage-ci ou à ce collage-là, j'ai, en effet, le sentiment que quelquechose qui s'était effondré reprend vigueur.
Pierre Fesnault-Deruelle –professeur d’université Paris-Sorbonne-
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